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robert de herte - Page 2

  • Bon anniversaire, Eléments !...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°149, octobre - décembre 2013) est disponible en kiosque.

    Dans ce numéro, Pascal Esseyric et Patrick Péhèle nous livre  un dossier consacré aux 40 ans de la revue avec une sélection de textes marquants publiés au fil des années, ainsi que des articles consacrés à Jean-Claude Michéa, à Gilbert Durand, à Pierre Boutang, à Nicholas Georgescu-Roegen ou à Dieudonné, mais aussi au modèle suisse, au racisme et à l'extrême gauche. Et on trouvera également la chronique de Xavier Eman, «Une fin du monde sans importance», et l'éditorial de Robert de Herte intitulé « Quarante ans ».  

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

     

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    Au sommaire de ce numéro :

     

    Éditorial

    « Quarante ans» par Robert de Herte

    Forum, vous nous écrivez ...

    Cartouches

    L'actualité des idées, des sciences, du cinéma, des arts et des lettres

    René Guénon, à front renversé par Michel Marmin

    Cartouches: économie, religions, philosophie ...

    Un bagnard en Sibérie par Olivier François

    Guerre et paix par Alain de Benoist

    La chronique cinéma de Ludovic Maubreuil

    Justine Niogret, par Pierric Guittaut

    Portrait littéraire: Camille Lemonier par Frédéric Guchemand

    Une fin du monde sans importance par Xavier Eman

    Sciences par Bastien O'Danieli

     

    Le combat des idées

    Dieudonné, un héros de l'art contemporain? Par François-Laurent Balssa

    Pour en finir avec «le racisme» par Alain de Benoist

    La face cachée du modèle suisse par Eric Werner

    Armée de conscription: la Suisse à l'épreuve par David L'Epée

    « L'extrême gauche est dans l'impasse » par Charles Robin

    Le crime de Jean-Claude Michéa par Alain de Benoist

    Le réalisme magique de Jacques Sommer par Alfred Eibel

    « Gilbert Durand, mon maître» par Michel Maffesoli

    Vienne vaut bien une séance par Laurent Schang

    Nicholas Georgescu-Roegen par François Bousquet

    Pierre Boutang, intellectuel corsaire par Olivier François et Michel Marmin

    Pierric Guittaut, l'appel aux esprits des lieux par Thierry Marignac

     

    Dossier

    40e anniversaire: les trésors d’Éléments

    La religion de l'Europe par Alain de Benoist

    Pour en finir avec la civilisation occidentale

    Paysages et sens du lieu par Luisa Bonesio

    La crise! Quelle crise?

    L'économie totalitaire: l'exemple de l'immigration

    Ils l'ont dit dans Éléments

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  • La France malade de sa médecine ?...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°148, juillet - septembre 2013) est disponible en kiosque.

    Dans ce numéro, dont la couverture est à nouveau superbe, Pascal Esseyric et Patrick Péhèle nous livre  un dossier consacré à l'hypermédicalisation de notre société, ainsi que des articles consacrés à Dominique Venner, à Cornélius Castoriadis ou à la notion de guerre juste. Et on trouvera également un entretien avec David Engels , auteur de l'essai intitulé Le déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013), une fable de Jacques Vergès, la chronique de Xavier Eman et l'éditorial de Robert de Herte intitulé « Bilan de santé ».  

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    Éditorial

    Bilan de santé par Robert de Herte

    L'entretien

    David Engels: « L'Europe ne peut échapper à son destin impérial >:

    Cartouches

    L'actualité des idées, des sciences, du cinéma, des arts et des lettres

    Carnets de lectures par Michel Marmin

    «Le bureau» par Xavier Eman

    Romans noirs par Pierric Guittaut

    «Confessions d'un dragueur» par Ludovic Maubreuil

    Économie, religions, philosophie ...

    «Alarme citoyens!» par Laurent Schang

    Sciences par Bastien O'Danieli

    Le combat des idées

    Mort d'un samouraï par François Bousquet

    L'éthique comme un sacerdoce par Michel d'Urance

    Dominique Venner par Alain de Benoist

    Une fable par Jacques Vergès

    Cornelius Castoriadis, le « germe grec» par Jean-Louis Prat

    Edouard Berth, le syndicaliste révolutionnaire par David L'Épée

    Guerres justes au service de la «paix perpétuelle» par Félix Morès

    Là où bat le cœur celte des Appalaches par Pierric Guittaut

    Dossier

    la France malade de ses médicaments

    La médicalisation, du berceau à la tombe par Jean-François Gautier

    Un enseignement sous influence par Jean-François Gautier

    Représentant de laboratoire pharmaceutique par François Delussis

    Un cinéma muet sur l'extrême médicalisation par Ludovic Maubreuil

    Léon Daudet contre les doctrinaires du scalpel par Olivier François

    Éphémérides


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  • Pacte budgétaire européen : le coup d'état

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°146, janvier - mars 2013) est disponible en kiosque.

    Dans ce numéro, Pascal Esseyric et Patrick Péhèle nous offre un contenu particulièrement riche, avec un dossier consacré au pacte budgétaire européen et à la perte de souveraineté qu'il implique, ainsi que des articles variés sur le roman noir, le western zapatiste, le rugby, la physique quantique ou l'auteur de bande-dessinée Raymond Macherot. Et en ouverture, on ne ratera surtout pas un éditorial d'anthologie de Robert de Herte intitulé « La fin du monde a bien eu lieu ».  

    Vous pouvez aussi le commander ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    • Entretien avec Jean Soler : “Maintenir vivant le modèle de la Grèce ancienne”
    • Roger Nimier et les autres, par Michel Marmin
    • Victor Hugo, par François Lebrette 
    • Gustav Vigeland, entre cercle et dragons par Michel Thibaud 
    • Jean Parvulesco, in memoriam 
    • Manifeste pour un roman noir total, par Pierric Guittaut 
    • A mort Manchette ! par Thierry Marignac 
    • Le mystère Pierre Siniac, par Olivier François 
    • Le western zapatiste par Nicolas Gautier
    • Django par Michel Marmin 
    • Raymond Macherot, l’embellisseur, par David L’Épée 
    • André Boniface contre les milliardaires du rugby par Alain Ajax 
    • Eric Werner: le début de la fin, par Ludovic Maubreuil 
    • Physique quantique, par Jean-François Gautier 
    • Salvador Dali, par François Bousquet

    Dossier : Pacte budgétaire européen : la fin de la souveraineté

    Crise financière: où en est-on ? par Alain de Benoist 
    Petite généalogie du Pacte budgétaire européen, par Félix Morès 
    Le mythe des marchés efficients, par Alain de Benoist


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  • La fin de la souveraineté...

    Vous pouvez regarder ci-dessous la bande-annonce du nouveau numéro de la revue Éléments (n°146, janvier - mars 2013), qui est d'ores et déjà disponible en kiosque.

     

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  • La mémoire et l'histoire...

    Nous reproduisons ci-dessous un éditorial de Robert de Herte (alias Alain de Benoist) paru dans la revue Eléments (été 1998) et consacré à l'opposition entre la mémoire et l'histoire...

     

     

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    La mémoire et l'histoire

    «Naguère aveugle au totalitarisme, la pensée est maintenant aveuglée par lui», écrivait très justement Alain Finkielkraut en 1993 (Le Messager européen, 7). Le débat lancé en France par la parution du Livre noir du communisme est un bon exemple de cet aveuglement. D'autres événements qui, régulièrement, obligent nos contemporains à se confronter à l'histoire récente, illustrent eux aussi la difficulté de se déterminer par rapport au passé. Cette difficulté est encore accentuée aujourd'hui par la confrontation de la démarche historienne et d'une «mémoire» jalouse de ses prérogatives, qui tend désormais à se poser en valeur intrinsèque (il y aurait un «devoir de mémoire»), en morale de substitution, voire en nouvelle religiosité. Or, l'histoire et la mémoire ne sont pas de même nature. A bien des égards, elle sont même radicalement opposées.

    La mémoire a bien entendu sa légitimité propre, dans la mesure où elle vise essentiellement à fonder ou à garantir la survie des individus et des groupes. Mode de rapport affectif et souvent douloureux au passé, elle n'en est pas moins avant tout narcissique. Elle implique un culte du souvenir et une rémanence obsessionnelle du passé. Lorsqu'elle se fonde sur le souvenir des épreuves endurées, elle encourage ceux qui s'en réclament à s'éprouver comme titulaires du maximum de peines et de souffrances, pour la simple raison qu'on éprouve toujours plus douloureusement la souffrance que l'on a ressentie soi-même. (Ma souffrance et celle de mes proches est par définition plus grande que celle des autres, puisque c'est la seule que j'ai pu ressentir). Le risque est alors d'assister à une sorte de concurrence des mémoires, donnant elle-même naissance à une concurrence des victimes.

    La mémoire est en outre intrinsèquement belligène. Nécessairement sélective, puisqu'elle repose sur une «mise en intrigue du passé» (Paul Ricoeur) qui implique nécessairement un tri – et que de ce fait l'oubli est paradoxalement constitutif de sa formation –, elle interdit toute réconciliation, entretenant ainsi la haine et perpétuant les conflits. En abolissant la distance, la contextualisation, c'est-à-dire l'historicisation, elle élimine les nuances et institutionnalise les stéréotypes. Elle tend à représenter l'enchaînement des siècles comme une guerre des mêmes contre les mêmes, essentialisant ainsi les acteurs historiques et sociaux et cultivant l'anachronisme.

    Comme l'ont bien montré Tzvetan Todorov (Les abus de la mémoire, Arléa, 1995) et Henry Rousso (La haine du passé. Entretiens avec Philippe Petit, Textuel, 1998), mémoire et histoire représentent en fait deux formes antagonistes de rapport au passé. Ce rapport au passé, quand il emprunte le canal de la mémoire, n'a que faire de la vérité historique. Il lui suffit de dire : «Souviens toi !» La mémoire pousse par là au repli identitaire sur des souffrances singulières qu'on juge incomparables du seul fait qu'on s'identifie à ceux qui en ont été les victimes, alors que l'historien doit au contraire rompre autant qu'il le peut avec toute forme de subjectivité. La mémoire s'entretient par des commémorations, la recherche historienne par des travaux. La première est par définition à l'abri des doutes et des révisions. La seconde admet au contraire par principe la possibilité d'une remise en cause, dans la mesure où elle vise à établir des faits, fussent-ils oubliés ou choquants au regard de la mémoire, et à les situer dans leur contexte afin d'éviter l'anachronisme. La démarche historienne, pour être regardée comme telle, doit en d'autres termes s'émanciper de l'idéologie et du jugement moral. Là où la mémoire commande l'adhésion, elle exige la distanciation.

    C'est pour toutes ces raisons, comme l'expliquait Paul Ricoeur au colloque «Mémoire et histoire», organisé le 25 et 26 mars derniers par l'Académie universelle des cultures à l'Unesco, que la mémoire ne peut se substituer à l'histoire. «Dans un état de droit et une nation démocratique, c'est le devoir d'histoire et non le devoir de mémoire qui forme le citoyen», écrit de son côté Philippe Joutard («La tyrannie de la mémoire», in L'Histoire, mai 1998, p. 98).

    La mémoire, enfin, devient exorbitante quand elle prétend s'annexer la justice. Celle-ci n'a pas pour but, en effet, d'atténuer la douleur des victimes ou de leur offrir l'équivalent de la souffrance qu'elles ont subie. Elle a pour but de punir les criminels au regard de l'importance objective de leurs crimes, et compte tenu des circonstances dans lesquelles ils les ont commis, non au regard de la douleur qu'ils ont provoquée. Annexée par la mémoire, la justice se ramène inévitablement à la vengeance, alors que c'est précisément pour abolir la vengeance qu'elle a été créée.

    Après la parution du Livre noir, certains ont à nouveau réclamé un «Nuremberg du communisme». Cette idée, avancée pour la première fois par le dissident russe Vladimir Boukovski (Jugement à Moscou, 1995) et généralement reprise à des fins purement polémiques, est pour le moins douteuse. A quoi bon juger ceux que l'histoire a déjà condamnés ? Les anciens pays communistes ont certes tout loisir, s'ils le désirent, de traduire leurs anciens dirigeants devant leurs tribunaux, car la justice d'un pays donné garantit l'ordre interne de ce pays. Il n'en va pas de même d'une justice «internationale», dont il a surabondamment été démontré qu'elle repose sur une conception irénique de la fonction juridique, en l'occurrence sur l'idée qu'il est possible d'affranchir l'acte judiciaire de son contexte particulier et du rapport de forces qui constitue sa toile de fond. Plus profondément, on peut aussi penser que le rôle des tribunaux est de juger des hommes, non des idéologies ou des régimes. «Prétendre juger un régime, disait Hannah Arendt, c'est prétendre juger la nature humaine».

    Le passé doit passer, non pour tomber dans l'oubli, mais pour trouver sa place dans le seul contexte qui lui convienne : l'histoire. Seul un passé historicisé peut en effet informer valablement le présent, alors qu'un passé rendu toujours actuel ne peut qu'être source de polémiques partisanes et d'ambiguïtés.

    Il y a quatre siècles, l'édit de Nantes, dans son article premier, proclamait déjà la nécessité de faire taire la mémoire pour restaurer une paix civile mise à mal par les guerres de religion : «Que la mémoire de toutes choses passées d'une part et d'autre, depuis le commencement du mois de mars 1585 jusqu'à notre avènement à la couronne, et durant les autres troubles précédents et à l'occasion d'iceux, demeurera éteinte et assoupie, comme de chose non advenue : et ne sera loisible ni permis à nos procureurs généraux, ni autres personnes quelconques, publiques ni privées, en quelque temps, ni pour quelque occasion que ce soit, en faire mention, procès ou poursuite en aucune cour et juridiction que ce soit». Seule la démarche historienne peut valablement déterminer ce dont on doit se souvenir. Mais on ne peut envisager l'avenir qu'en consentant à oublier une partie du passé.

    Robert de Herte (Elément n°92, juillet 1998)

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  • Être ou ne pas être (réac) ?...

    Le nouveau numéro d'Eléments est en kiosque. il est aussi disponible sur le site de la revue.  Vous pouvez lire ci-dessous l'éditorial de Robert de Herte, alias Alain de Benoist, consacré à la polémique sur les "nouveaux réacs".

     

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    Être ou ne pas être (réac) ?

    On parlait autrefois de" terrorisme intellectuel ". On a parlé ensuite de" pensée unique ", et aussi de " police de la pensée ". C'est un fait que depuis trente ans, il n'y a plus en France de véritable débat d'idées. Les lobbies, les ligues de vertu, les médias au service de la bienpensance s'efforcent de décourager toute pensée critique. Depuis quelques années, cependant, des fissures semblent se faire jour dans la chape de plomb. Un certain nombre d'esprits libres, dont l'influence ne se limite plus à quelques cercles confidentiels, se rebellent contre la discipline imposée. D'où les anathèmes lancés contre eux par ceux qui veulent avant tout défendre leurs positions acquises et entretenir leurs fonds de commerce. Pour stigmatiser les impertinents et les rebelles, on dit désormais qu'ils sont « réacs ». En clair: qu'ils représentent les" nouveaux réactionnaires ».

    Convoqués à comparaître devant le tribunal médiatique, les" nouveaux réactionnaires » font en permanence l'objet d'un grotesque procès au sein du grand club socialo-libéral-libertaire, le " club des conformistes heureux » (Pierre-André Taguieff). On leur reproche d'avoir le front de ne pas penser comme il faut, de préférer le débat contradictoire au débat entre gens du même avis. Et surtout de mettre en cause, avec plus ou moins d'audace, les grandes idoles de notre temps: la croyance au " progrès », l'idéologie du " genre", 1'" antiracisme » de convenance, l'impératif de " métissage », le culture de masse ou bien encore 1'" art contemporain ". Spécialistes en cordons sanitaires et dénonciations édifiantes, les défenseurs du monothéisme du marché, les nouveaux curés des droits de l'homme qui dispensent leurs sermons moralisateurs, se veulent les défenseurs du Bien contre une hydre toujours renaissante, jamais plus vivante que depuis qu'elle a été vaincue. Ils remplissent ainsi leur rôle de chiens de garde du système en place.

    Notre société célèbre la " transgression", mais passe son temps à traquer les pensées non conformes, faisait observer Élisabeth Lévy, qui ajoutait qu'il est" paradoxal de célébrer la diversité en toute chose, sauf dans le domaine des idées ». Dans les anciens régimes communistes, déjà, les dissidents étaient régulièrement dénoncés comme des" réactionnaires ». Le terme, aujourd'hui, continue d'être employé sans aucune rigueur, comme une formule polémique susceptible de recevoir n'importe quel contenu. Hier encore, par exemple, être réactionnaire, c'était en tenir pour l'élitisme et les vieilles hiérarchies. Aujourd'hui, le réactionnaire est devenu" populiste ». Condamner le foulard islamique serait réactionnaire, mais le défendre le serait tout autant. Il peut aussi y avoir des réactionnaires de gauche: dans ses Réflexions sur la violence, Georges Sorel ne classait-il pas parmi les réactionnaires" les amis de Jaurès, les cléricaux et les démocrates ». L'ennemi peut donc avoir tous les visages. Mais que faut-il entendre par ce terme?

    Dans l'histoire des idées, le courant réactionnaire se confond plus ou moins avec le courant légimiste et contre-révolutionnaire. Les grands auteurs n'y manquent pas, de Joseph de Maistre et Donoso Cortés jusqu'à Nicolas Gomez Davila. Les écrivains y sont tout spécialement bien représentés, depuis Chateaubriand, Villiers de l'Isle-Adam ou Barbey d'Aurevilly, mais aussi Morand et Giono, Montherlant, Jacques Perret, Marcel Aymé et tant d'autres. Les grands réactionnaires sont des conservateurs restaurationnistes. Ils veulent retourner à un état de choses jugé meilleur, mais qui n'existe plus.

    C'est une première limite. Face aux adeptes de la table rase, le passé est la grande affaire du réactionnaire, qui s'arc-boute sur une mémoire souvent fictive. Les réactionnaires sont des nostalgiques d'un passé réel ou fantasmé. Ils s'y rattachent d'une façon souvent pathétique, ou simplement puérile. Puisque" c'était mieux avant », ils proposent toujours d'en revenir à quelque chose, sans comprendre que l'histoire ne repasse pas les plats. Comme le disait Marx, ils cherchent à " faire tourner à l'envers la roue de l'histoire ". C'est ce qui explique leur inintelligence politique. Un brave réactionnaire, interviewé récemment dans le journal de l'Action française, à la question" Pourquoi selon vous faut-il un roi à la France? », répondait tout simplement: " Parce que c'est joli! », et aussi parce que la France « a été vouée à la Sainte Vierge, nous reliant ainsi au Golgotha ». On voit le niveau. Mais de ce point de vue, ceux qui critiquent les « nouveaux réacs » pourraient tout aussi bien être considérés comme des réactionnaires, puisque qu'ils se refusent à voir le monde comme il est et cherchent par tous les moyens à escamoter ce qui crève les yeux. Le réactionnaire est aussi le contraire du révolutionnaire. Se réfugiant dans le passé par refus du présent, le réactionnaire rechigne aux solutions radicales. Il préfère le pire des" ordres" en place à l'idée même de révolution. Réactionnaire est celui qui croit pouvoir faire face à la crise financière mondiale en prônant un retour au bon vieux" capitalisme rhénan". Réactionnaire encore celui qui, lors de la dernière élection présidentielle, choisissait de voter pour un président sortant qu'il n'avait cessé de critiquer pendant cinq ans au motif qu'il représentait le " moindre mal" - sans réaliser que c'est en fait ainsi qu'il pratiquait la politique du pire. A cela s'ajoutent les préjugés et les intérêts de classe. Dans l'éternel affrontement entre les Versaillais et les Communards, les réactionnaires sont évidemment du côté de Monsieur Thiers et de la bourgeoisie. Le réactionnaire est du côté de l'" union sacrée", du" sursaut national ", de l'" union des patriotes" et autres calembredaines qui, depuis cent cinquante ans au moins, l'ont fait constamment voler de défaite en défaite.

    Comme son nom l'indique, le réactionnaire a certes le mérite de réagir. Il vaut mieux réagir que rester passif et subir en silence -l'avion à réaction, c'est bien connu, va généralement plus vite que les autres. Mais la réaction s'oppose aussi à la réflexion. La droite réactionnaire est réactive, et non pas réflexive. Elle marche à l'indignation à l'enthousiasme, au sentiment. Ce n'est pas toujours une faute, mais cela en devient une dès que l'émotion interdit l'analyse des situations, rendant du même coup aveugle à l'exacte nature du moment historique que l'on vit. De ce point de vue, le mouvement des" indignés" est lui aussi" réactionnaire ". L'indignation, n'est pas une politique.

    Une droite antilibérale et non réactionnaire serait tout naturellement faite pour s'entendre avec une gauche purgée de l'idéologie de progrès. C'est sans doute aussi cette conjonction que veulent interdire ceux qui s'affairent à rafistoler la digue, à remettre une couche sur la chape de plomb. Mais jusqu'à quand?

    Robert de Herte (Éléments n°144, juillet - septembre 20112)

     

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